On présente souvent l’entrepreneur comme celui qui prend un risque. Le risque de perdre sa mise, d’échouer, de ne pas devenir milliardaire.
Un risque de théorie des jeux, somme toute. Pile ou face. Paire d’as contre carré de sept.
En discutant récemment avec un ami amateur de sports extrêmes, j’ai réalisé à quel point le risque de l’entrepreneur est plus proche de celui de l’alpiniste.
L’alpiniste ne parie pas. Il se prépare, il évalue, il anticipe. Mais il accepte l’idée que le risque dépend de circonstances indépendantes et d’aléas.
Les chiffres ne donnent jamais des cimes qu’une vue d’en bas. Projection comptable abstraite. Rapport numérique à l’inconnu. Ce risque est complètement virtuel.
L’entrepreneur-arpenteur fait l’expérience subjective de la hauteur, à la mesure de ce que lui coûterait la chute. De l’ascension tranquille de la colline à la terreur du vide dans une course d’arêtes. Le risque peut devenir danger, donc réel.
Mais ce n’est que lorsque la banalité du fil des évènements se déchire -ce pied qui glisse, cette pierre qui tombe…- pour laisser entrevoir le tragique (sans le vivre), que le risque prend sa dimension existentielle.
On se dit alors qu’« on l’a échappée belle ».